De Saussure crée des mots cachés littéraires

De Saussure crée des mots cachés littéraires

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Sous la direction de Mme Cécilia Schemel, du Collège de Saussure, à Genève, l’objectif était de rédiger un texte en y insérant les 6 titres des romans sélectionnés.

La proposition d’Arthur :

Contraintes
Lorsque ma soeur mourut, ma seconde sœur et moi n’avons pas eu la même réaction. Cela ne signifiait pas la même chose pour nous. Quand nous étions trois, j’étais au milieu de deux filles. Maintenant que l’aînée est morte, je me retrouve catapulté au poste de grand frère sur lequel ma petite soeur doit pouvoir compter. Situation difficile si il en est, puisque je me retrouve responsable de celle qui adorait la personne que je haïssais le plus : feu ma grande soeur.

Jamais ma grande soeur et moi n’avons partagé quelque chose. Elle a toujours été méchante et sournoise, allant parfois même jusqu’au sadisme. J’avais fini par la considérer comme un handicap avec lequel je devais vivre, une tierce personne qui partageait ma maison. Ma soeur ne représentant rien pour moi, son absence prolongée n’était à mes yeux qu’une occasion d’investir la plus grande chambre.

Seulement, ma petite soeur, meurtrie par la disparition de son idole, avait décrété que la chambre que je convoitais allait être soumise à une sorte d’ordonnance respectueuse du vide, vide qui y régnerait désormais. Elle justifiait cet embargo par le deuil. Toute cette tristesse pour une personne si petite et insignifiante, incompréhensible !

Aux obsèques, car il a bien fallu m’y rendre, ma mère tenait ma soeur sur ses genoux, offrant le tableau pittoresque d’une veuve à l’enfant, par une si belle journée, elles étaient ridicules avec leurs mines éplorées, je dus me retenir de rire. Au moment des discours et autres commémorations, ma soeur eut la délicate attention d’aller déposer sur le cercueil sa petite peluche de Jiminy Cricket, le fameux acolyte de Pinocchio, ce qui ne manqua pas de m’amuser, car je trouvais que ma défunte soeur avait un long nez.

Un de nos lointains cousins la décrivit, dans son éloge funèbre, comme une personne intelligente. Je me fis violence pour ne pas révéler que le livre avec le plus de mots qu’elle avait lu dans sa trop longue vie était un atlas géographique de l’Afrique. Un atlas nègre, pour une personne aussi blanche qu’elle, elle qui était presque transparente, quelle ironie ! Je ris intérieurement de cette observation jusqu’à la fin de la fête, pour ne pas avoir l’air de trop m’amuser.

L’ensemble des contributions 2016-2017 du Collège de Saussure