Jean-Pierre Rochat

Il vit à Bienne dès l’âge de sept ans. Après une jeunesse insoumise et un bref passage en maison de correction, il devient berger en Suisse alémanique et dans le canton de Vaud : à l’alpage l’été et comme journalier en plaine l’hiver. Depuis 1974, fermier, il exploite avec sa famille un domaine au sommet de la montagne de Vauffelin et assouvit sa passion des chevaux Franches-Montagnes dont il est un éleveur réputé, participant aux célèbres courses d’attelage du Jura. Il écrit depuis la fin des années 1970. Mais c’est finalement dès 1982, avec la publication de son premier recueil de nouvelles, qu’il parvient à concilier ses deux passions.
On lui doit plusieurs récits, dont Berger sans étoile (1984) et Epilady (1994), de nombreuses nouvelles, Scènes de la vie agricole (1982), Hécatombe (1999), ainsi qu’un recueil de poésie, Sur du rouge vif (1999).
Plus récemment il publie L’Écrivain suisse allemand (2012), prix Michel-Dentan, qui raconte l’amitié improbable d’un paysan de montagne et d’un écrivain à succès. Entre l’amoureux des vaches et le Casanova des lettres s’échangent les expériences de la vie de bohème ou montagnarde, nomade ou sédentaire, dans le style brut et généreux qui caractérise Jean-Pierre Rochat.

(source Wikipédia).

livre(s) sélectionné(s)

édition 2013-2014

L'écrivain suisse allemand

paru aux éditions d’autre part, 144 p., 2013

Sous ce titre étonnant se cache une amitié improbable entre le narrateur, homme de la terre, et son voisin occasionnel, grand séducteur et intellectuel, qui vient parfois à la ferme, pour se ressourcer et se reposer de ses excès.
C’est là que ce Casanova meurt, victime d’un dernier shoot aphrodisiaque fatal qui a emballé son cœur pour la dernière fois. Ses « veuves » éplorées se retrouvent «vieillies plus que lui par la mort » et le paysan se voit confier le rôle de consolateur bien malgré lui.
Le narrateur sait de quoi il parle quand il raconte ses vaches, ses champs, ses fromages, lui qui n’a jamais quitté sa ferme si ce n’est pour un voyage à Amsterdam avec le syndicat bovin ! Mais Rochat, agriculteur dans la vie, est aussi maître dans l’art d’écrire la complicité entre deux hommes que tout semble opposer ; il s’interroge sur le doute, le questionnement, et le souffle nécessaire pour traverser, dit-il, « des milliers de paysages intérieurs » le tout délicieusement emmêlé d’anecdotes croustillantes et de fulgurances poétiques.

Monique Girardin-Noirat

édition 2018-2019

Petite Brume

paru aux éditions d’autre part, 116 pages

« Ramuz, c’était le dernier à décrire les paysans, après on s’est intéressé à plein d’autres trucs et dans les romans contemporains, on voit les tracteurs que de loin ». Il n’a pas tout à fait tort, Jean-Pierre Rochat. Et il sait de quoi il parle, lui-même agriculteur dans le Jura bernois, éleveur de franches-montagnes et de mots francs.

Son treizième ouvrage est un puissant « testament paysan ». En dix-huit courts chapitres, tenus par une unité de temps et de lieu, Petite brume scande une tragique journée où le paysan Jean Grosjean subit l’humiliante mise aux enchères publique de tous ses biens. Dans la cour de sa ferme se pressent les vautours, voisins, curieux, marchands, puis encore ces « Appenzellois bourrés de fric» et pipe au bec. En maître de cérémonie, l’éloquent Elias Schwarz sait s’y prendre pour faire monter les enchères, vendre à la criée ces lambeaux d’une existence laborieuse et heureuse. Jusqu’au lit matrimonial. Jusqu’à la jument chérie, Petite brume, abattue sur place pour accélérer le chargement.

On le comprend dès les premières pages, cette journée sera la dernière du narrateur, la nuit son tombeau. Ceux qui vivent de la terre semblent contraints d’y retourner bien vite, et le suicide apparaît, inéluctable, à horizon du monde rural. C’est là que ce roman s'impose dans toute sa nécessité.
Par son style vif soigneusement teinté d’oralité, où la drôlerie et la truculence affleurent sans cesse pour désamorcer la noirceur, Jean-Pierre Rochat excelle à mettre en scène la chute de son personnage. Mais il parvient à faire de cette tragédie personnelle le symbole d’un monde en déliquescence. Salutaire.

Thierry Raboud

les inédits

édition 2013-2014

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« À mon ami j'arrêtais pas de répéter que le LSD c'était l'hiroshima du cerveau, il disait arrête tes conneries c'est pas un argument de vente. »

Quand j'avais 17 ans