Julie Guinand

Julie Guinand est née à La Chaux-de-Fonds en 1989 et vit à Lausanne. Membre fondatrice de l’AJAR, elle a été lauréate du Prix interrégional jeunes auteurs (PIJA) en 2007 et 2008. Elle a participé aux ouvrages collectifs Reportages climatiques, en 2015 (d’autrepart), et Carnets ferroviaires en 2017 (Zoé).
Elle est également l’auteure de Dérives asiatiques (d’autre part) et Hors-la-loi (Paulette éditrice).

Julie Guinand a eu 17 ans en 2006.

livre(s) sélectionné(s)

édition 2020 – 2021

Survivante

paru aux éditions d’autre part, 2019, 144 pages

Pour l’héroïne de Julie Guinand, la fin du monde commence par une anodine coupure de courant. Mais voilà, la lumière des ampoules ne revient pas. Le besoin d’écrire devient alors irrépressible : « Je n’avais plus ressentis une pulsion d’écriture aussi impérieuse depuis mes dix-sept ans » (page 8). Un « vieux journal intime » de la narratrice se transforme en journal d’une survivante.
Pourtant, isolée dans la ferme-restaurant du lieu-dit de Maison-Monsieur sur les bords du Doubs, où l’héroïne habite et dont les propriétaires sont exceptionnellement absents, la jeune femme n’a rien d’une survivaliste. Contrairement aux personnages des fins du monde hollywoodiennes, elle ne parvient tout d’abord pas à faire face à la situation : « […] je végète au lit et continue de me nourrir avec ce qui me tombe sous la main » (page 24). L’héroïne tente véritablement de survivre en occupant le temps comme elle peut pour lutter contre la déréliction : « Sudoku-puzzle-puzzle-chanson-puzzle-puzzle-Sudoku-puzzle. Les heures ont une consistance de mélasse. Le seul moyen de rendre l’existence tolérable est de prendre les choses minute par minute, pièce de puzzle après pièce de puzzle » (page 32). Elle se sent par ailleurs incapable d’aller dans la ville la plus proche, La Chaux-de-Fonds, constater si la fin du monde a bel et bien eu lieu.
Cependant, petit à petit, le courage revient : « l’intense frustration liée au sentiment d’impuissance qui m’habitait s’est évaporée » (page 44). Une routine se met en place. La narratrice apprend tant bien que mal à pêcher, marche jusqu’à « La Guêpe », ancienne verrerie qu’elle considère comme un « lieu-refuge » (page 36) ou encore recueille une poule qui lui fournit des œufs. Mais elle n’est pas à l’abri des revers de fortune ; d’autres survivants ne pourraient-ils pas troubler son mince équilibre ? Ou ne voudra-t-elle pas elle-même rompre avec ses nouvelles habitudes en se risquant en ville pour se confronter au reste du monde ?
Véritable journal du confinement avant l’heure, Survivante aborde plusieurs problèmes que soulèvent nos modes de vie contemporains, comme la solitude, la dépression, la dépendance à la technologie et au confort, l’effondrement possible des sociétés post-industrielles telles que nous les connaissons aujourd’hui en Occident, etc. N’hésitant pas à donner un caractère d’ébauche à son texte, Julie Guinand a une prédilection pour les listes, comme si l’énumération d’éléments plus ou moins disparates parvenait à créer un peu d’ordre dans le chaos laissé par la catastrophe.
Finalement, dans le livre de Julie Guinand, la fin du monde prend aussi un sens métaphorique car, comme nous y invitent avec subtilité de nombreuses allusions à l’être aimé (le grand absent), nous pouvons rapprocher la fin du monde décrite par l’autrice à une rupture amoureuse, toutes deux entraînant des réflexes de replis similaires et provoquant un semblable processus de deuil ; de quoi se poser la même question que la narratrice : « mais si tu étais là, la fin du monde aurait-elle eu lieu ? » (page 78)

Jean Cornu

les inédits

édition 2020 – 2021

On tourne !

Le film de mes dix-sept ans évoquerait une histoire d’amour. Pas un coup de foudre, pas une passion dévorante, mais une rencontre simple et belle...

Quand j'avais dix-sept ans