Noëlle Revaz

Noëlle Revaz, née en 1968 à Vernayaz dans le canton du Valais, est un écrivain suisse d’expression française. Après avoir suivi ses études au Collège de l’Abbaye de Saint-Maurice et à l’Université de Lausanne où elle obtient une licence en latin, français et français médiéval (en 1995), elle signe des chroniques radiophoniques sous le pseudonyme de Maurice Salanfe, en 1995 et 19962.
Son premier roman Rapport aux bêtes, publié en 2002 aux éditions Gallimard et qui obtient plusieurs prix littéraires dont le Prix Schiller, et le Prix Marguerite Audoux, est traduit en allemand en 2004 sous le titre Von wegen den Tieren (éditions Urs Engeler), en anglais sous le titre With the animals (Dalkey Archive Press) et en italien sous le titre Cuore di bestia (Keller editore, Rovereto). Une adaptation théâtrale a été réalisée en 2004 au théâtre Le poche à Genève. Le roman de Laurence Cossé Au bon roman contient l’appréciation suivante sur Rapport aux bêtes, qui y est le premier des « bons romans » mentionnés : « le plus remarquable à son avis était la manière de ce long monologue, la phrase, l’inventivité de l’auteur qui créait une langue nouvelle, un français sans équivalent, tout cabossé, boiteux, et pleinement justifié étant donné la brute qui le parlait, elle aussi sans pareil. » (ch. 13, p. 92).
En 2009 un deuxième roman, Efina, paraît chez Gallimard. Il obtiendra le prix Michel Dentan en 2010 et le Prix Alpha des cantons de Berne et du Jura en 2011. Il est traduit en anglais (Seagull Books, New York) et en italien sous le titre Tanti cari saluti (Keller editore, Rovereto), en 2014.
Les Editions Zoé publient la pièce de théâtre Quand Mamie en 2011, et un troisième roman, L’infini livre en 2014, Prix suisse de littérature 2015.

Source Wikipédia

livre(s) sélectionné(s)

Edition 2010-2011

Efina

paru aux Editions Gallimard, 182 pages, 2009

Remarquable variation sur le faux-semblant, le deuxième roman de Noëlle Revaz est une histoire de fascination et d'irri-tation entre une jeune femme prénommée Efina et un ­homme plus âgé, un comédien qui se cache derrière une initiale, T. Il est célèbre, vieillissant, séducteur. Elle est plutôt banale et tombe amoureuse de ce fantôme qui n'a de consistance qu'au moment d'entrer en scène. Des années durant, ils vont s'écrire, s'adresser des vacheries, promettre de ne plus échanger la moindre lettre, puis recommencer. De temps à autre, ils vivront ensemble ou se retrouveront dans une chambre d'hôtel avant de repartir pour aimer quelqu'un d'autre, l'épouser, le quitter. La vie de ces amants improbables est ponctuée, pour T., de représentations théâtrales, pour Efina d'un nouveau chien, qu'il s'appelle Igor, Olaf ou Pulpi.
Ce cocktail d'illusions et de réalisme, de mufleries et de désirs réussit à parler d'obsession tout en gardant son quant-à-soi. L'écriture épistolaire y est pour beaucoup : Efina et T. entrent dans un jeu de cache-cache lorsqu'ils rédigent leurs missives tantôt glacées, tantôt cruelles, se reprochant leur banalité physique, leurs imperfections. Entre les lettres, la narratrice, à la troisième personne, accentue le processus de déformation en jouant sur le temps qui passe, s'attardant sur un détail pour mieux sauter quelques années sans prévenir.
Sept ans après Rapport aux bêtes (réédité en Folio), le premier livre de Noëlle Revaz, Efina est une très belle fiction, pleine d'humour et d'empathie, sur le mensonge et sur l'attente.

Christine Ferniot, Télérama

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