Valerie Poirier, Roman des Romands 2014-2015

Valérie Poirier

Née à Rouen en 1961, Valérie Poirier réside à Genève, après avoir passé une partie de son enfance et son adolescence à La Chaux-de-Fonds. Cette période est au coeur d’Ivre avec les escargots.
Comédienne de formation, Valérie Poirier est auteure dramatique et a signé une dizaine de pièces. Les Bouches, Prix de la Société des Auteurs en 2004, revisite également les lieux de l’enfance – elle est parue chez Bernard Campiche dans la collection « Enjeux ». En 2006, Valérie Poirier est lauréate de « Textes en scènes » et écrit Loin du bal, tragi-comédie sur les ratés du grand âge. En 2007, elle écrit une nouvelle version de Quand la vie bégaie, sa première pièce, qui évoque les espoirs et désillusions de deux artistes de cabarets vieillissants. Elle a également signé Pièces détachées, spectacle pour comédiens et mannequins qu’elle met en scène en 2012 aux Marionnettes de Genève, et John W, joué dans les classes du cycle et du Collège.

livre(s) sélectionné(s)

édition 2014-2015

Ivre avec les escargots

paru aux éditions d’autre part, 158 p., 2013

Ivre avec les escargots, la formule a valeur de sésame. Elle permet à une petite Française exilée dans une rue au nom de mort de reconquérir le goût de la vie par la saveur des mots. Elle lui permet encore, devenue femme, d’entreprendre un pèlerinage sur les lieux de sa mémoire intime. Cette dernière, habitée des images et des valeurs d’une époque, est celle d’une génération bouleversée par
les mouvements d’émancipation de mai 68. Porté par la finesse du verbe, le témoignage rejoint néanmoins la mémoire collective et fait écho au rapport que chacun entretient avec l’enfance, ses visages, ses lieux, ses espoirs et ses déceptions. Vécu dans une marginalité relative, le passé de la narratrice a soulevé des affections et des révoltes que le regard rétrospectif justifie, lui apposant une ironie qui chasse la nostalgie pour y loger une sourde dénonciation. La superposition de deux lectures, celle de l’enfant qui découvre le monde en même temps que ses illusions, et celle de l’adulte qui reconsidère son passé à la lumière de repères socio-historiques, confère au texte une profondeur paradoxale. De ce subtil partage entre naïveté et clairvoyance découle une succession de tableaux doux-amers. Il souffle sur chacun d’eux un vent de liberté, un appel d’air né de la confrontation de deux voix qui se rejoignent pour dire le scandale des illusions perdues, le droit à la marginalité, la fidélité aux rêves et le pouvoir des mots.

Aurélia Despont

les inédits

édition 2014-2015

L'escapade

« Quand j’avais dix-sept ans, je ne vivais pas du tout la vie d’une fille de dix-sept ans. Je n’allais pas à l’école. Je ne vivais pas chez mes parents. »

Quand j'avais 17 ans