L’éloge de Matthieu Mégevand

L’éloge de Matthieu Mégevand

Éloge de La bonne vie

Cher monsieur Mégevand,
Avec ce texte je voudrais vous remercier de m’avoir fait connaitre l’histoire et l’art de Roger Gilbert-Lecomte : un artiste qui a été oublié dans l’obscurité du passé mais qui, grâce à la lumière que vous lui avez donnée, a été redécouvert.

Le courage que vous avez démontré pour parler d’un personnage comme Roger m’a beaucoup frappé. On ne lit pas tous les jours un roman qui parle d’une façon très directe d’un artiste qui dépend des drogues et consomme de l’alcool, mais c’est un problème souvent caché qui concerne la société (contemporaine et passée) et par conséquent je pense que c’est très important d’en parler. C’est pour cette raison que, selon moi, votre roman (qui n’est sûrement pas un éloge de la drogue) est très original.

Je dois dire aussi que sans une présentation du contexte historique la compréhension de l’art du Grand Jeu aurait été beaucoup plus difficile. En fait, c’est en s’opposant à la petite bourgeoisie que Roger et les phrères simplistes développent leur conception de l’art, qui est loin du « beau », du conventionnel, du rationnel.
La conception de l’Art pour Roger Gilbert-Lecomte, comme vous Matthieu Mégevand, l’avez bien illustrée, est une expérience totalisante caractérisée par le dépassement des limites, le dépassement de la conscience, où il n’y a pas de règles mais une liberté totale de l’artiste. Ce qui m’a beaucoup touché est l’objectif final de cet art : rejoindre la vérité absolue qui est cachée derrière le monde physique. Pour permettre cette élévation spirituelle, l’artiste doit donc consacrer sa vie entièrement à l’Art, sacrifier tout pour tout.

J’ai été très impressionné aussi par le style avec lequel vous avez écrit ce beau roman : la fluidité et la facilité de la langue m’ont permis de m’imaginer très clairement ce qui se passait. Vous avez été capable de présenter la vie, l’art et l’histoire de Roger en engageant complètement le lecteur : j’avais toujours envie de continuer à lire. Mais plus important que tout ça, pour moi, est le message du roman que vous m’avez laissé interpréter : l’humain désire souvent la reconnaissance, la notoriété et le pouvoir mais, à cause de ce désir, il opprime des êtres de qualité qui n’ont pas ces mêmes ambitions. Dans le cas de Roger, il a été effacé par André Breton et c’est pour ça qu’il n’a eu aucune possibilité de transmettre son art. Maintenant qu’on le connait on voit que son existence était loin d’être indifférente. Et donc je voudrais que nous réfléchissions tous sur le fait que, derrière les majorités, se cachent des minorités qui ont souvent une valeur beaucoup plus grande.

Finalement, monsieur Mégevand, je voudrais vous complimenter pour votre roman. Je pense que c’est un chef-d’oeuvre.
Il me reste seulement une chose à dire : merci.

Gian Luca Prieto Schwarz, élève du Liceo cantonale di Locarno