Un second éloge pour Matthieu Mégevand

Un second éloge pour Matthieu Mégevand

Laudatif de Matthieu Mégevand

Écrivain suisse, né en 1983 à Genève, Matthieu Mégevand vous avez eu plusieurs vies avant d’écrire votre roman “La bonne vie” ! En plus de posséder une licence en philosophie, vous êtes titulaire d’un master en histoire des religions. Vous avez également travaillé comme journaliste et chroniqueur dans différentes revues, avant d’être nommé directeur des éditions Labor et Fides. Récompensé par différents prix pour vos autres romans, vous avez participé cette année au roman des romands grâce à votre livre sur Roger-Gilbert Lecomte. Ce dernier est un poète français du XXème siècle, talentueux mais oublié. Dans ce roman, vous nous faites découvrir un jeune homme profondément passionné qui consacra sa courte vie à la recherche de l’absolu. Vous avez réalisé un véritable travail d’historien en écrivant cet ouvrage. Une fois qu’on le tient, le livre ne nous lâche plus…

“Les gens sur lesquels j’écris ont tellement donné, est-ce que moi, au moins le temps d’un livre, j’ai pu donner autant qu’eux ?”. Pour vous, Matthieu Mégevand, la réponse à votre question est non. C’est en effet un trait de caractère de Roger-Gilbert Lecomte qui pousse à l’admiration, cette capacité à s’obstiner, à ne jamais douter et à rester, durant toute sa vie, le même homme, avec les mêmes valeurs. Roger-Gilbert Lecomte ne comprenait pas son époque et c’était réciproque. Il ne trouvait pas sa place dans cette société trop étroite et faite de petites habitudes. Il était mordu, passionné par son art : l’écriture. C’était un affamé comme le montre cette phrase du poète : “J’ai faim ! En vain j’arpente les couloirs des musées, je farfouille dans les bibliothèques, je vais au théâtre, à la recherche de nourritures. Mais rien !”. Je trouve que vous avez bien fait d’intégrer dans votre livre, des discours, des poèmes et des lettres de Roger-Gilbert Lecomte. Cela rend le personnage d’autant plus vivant !  Tout au long de votre livre, vous chercher à approcher, comme le poète durant toute son existence, “le point d’incandescence, ce moment où l’existence ne suffit plus, se dépasse, surchauffe, et où l’acte créateur surgit”. Ce sont vos mots.

Pour Roger-Gilbert Lecomte, se droguer était la seule manière d’atteindre cet état, c’était sa métaphysique expérimentale, son oxymore. On pourrait le comparer à Icare, qui par son obstination, se brûla les ailes…

J’ai trouvé la personnalité de Roger-Gilbert Lecomte très charismatique et attachante. C’était un rêveur aux yeux terriblement ouverts sur la réalité. On peut dire que vous, Matthieu Mégevand avez sorti “Le Grand Jeu” pour ce livre ! Le poète, oublié de tous ou presque, complexe et enfermé dans son mal-être est mis en lumière dans ce roman. S’il y a bien un adjectif qui pourrait décrire Roger-Gilbert Lecomte, ce serait : consumé. Consumé par la vie, par son art et par la drogue. Sa vie a été brûlée au nom de la création artistique, il ne faisait pas de concessions. Parti trop jeune à cause du tétanos, il est mort comme il a vécu ; libre mais torturé.

Justine Jörg