Claudio Ceni
Claudio Ceni est né en 1965 à Lausanne. Il est italo-Suisse. Après un apprentissage de graphiste, il ouvre son propre atelier en même temps qu’il est chargé de cours à l’ERACOM. En 2003 il quitte l’enseignement. Dès lors il se consacre essentiellement à l’écriture, sa passion de toujours. Elle aboutit en 2004 à une pièce de théâtre, Cafeteria. Après Ultime adresse, déja paru aux éditions Infolio, Violence est son deuxième roman.
livre(s) sélectionné(s)
Violence
paru aux éditions infolio, 410 pages, 2015
« C’est l’essentiel de mon travail. L’alcool, les stupéfiants, la misère morale et matérielle ne sont que des symptômes. Si tu grattes un peu, le point de convergence de toutes ces existences, c’est une solitude écrasante. La véritable
violence est là, dans l’abandon des autres, le sentiment d’exclusion, et ça concerne absolument tout le monde. Un jour ou l’autre. J’en fais modestement
l’expérience en ce moment. » (45, p. 345)
C’est Jeanne Sénéchal, jeune psychologue du travail chez Galenis (toute allusion à une entreprise pharma en –is du côté de Prangins est certainement fortuite), qui résume à son nouveau compagnon Tony Suter, 42 ans, à la situation pourtant très confortable, l’essence de ce texte haletant et puissant.
Le roman, à la construction parfaitement maîtrisée, commence par l’enterrement de Jeanne, entrée dans la vie de Tony par le petit écran. Le visage de Jeanne devant la caméra dans la cour de l’usine perturbe Tony, déjà passablement accablé par les « soucis » tant familiaux que professionnels. C’est que l’usine est
en grève, que la jeune femme vient d’être « remerciée » comme nombre de ses collègues. La violence de cette scène ramène Tony à la dure mais parfois prometteuse réalité, violence des sentiments dans cette passion qui naît du chaos, violence des rapports humains, ceux entre hommes et femmes, entre parents et enfants, entre employés et patrons, au temps du règne de la société capitaliste. Violence de cette mort aussi injuste qu’inexpliquée.
Dans ce deuxième roman, Claudio Ceni aborde avec justesse les problèmes de notre époque : l’hyperconnexion, les enfants à haut potentiel, les mouvements de contestation, la sécheresse des rapports humains, la cruauté d’une société axée sur la compétitivité et l’argent.
Jacques Troyon
les inédits
Blitzkrieg Bop
« Les nuits d’été, on se réunissait autour de grands feux sur la plage, les soirs d’hiver au fond des auberges. On s’étripait pour des idées, un livre, un film (...), le seul bonheur d’exister nous réconciliait. »