Elisa Shua Dusapin

Elisa Shua Dusapin, née en 1992 en Corrèze, en France, est une écrivaine franco-coréenne vivant en Suisse romande.
Elisa Shua Dusapin est la fille d’un père français et d’une mère sud-coréenne, journaliste à la radio alémanique. Elle grandit entre Paris et Zurich avant que sa famille s’installe, en 1995, à Porrentruy dans le canton du Jura en Suisse. Elle obtient son baccalauréat en 2011 au lycée cantonal de Porrentruy et poursuit des études à la Haute école des arts de Berne où elle obtient un bachelor en écriture en 2014 de l’Institut littéraire suisse de Bienne. Elle poursuit ses études littéraires en obtenant un master de « français moderne » à l’université de Lausanne.
Elle est l’auteure de M’sieur Boniface, un spectacle qui s’imprègne de l’univers de Bourvil avec Thierry Romanens et le chœur d’enfants de Moutier et de la région Sakaziq. Elle est également assistante de la metteuse en scène Maya Bösch avant de jouer comme actrice dans sa pièce Les Exilées d’Eschyle présentée au festival de la Batie à Genève en septembre 2015.
Le gouvernement jurassien la nomme ambassadrice du canton du Jura en 2016.
En 2016, Elisa Shua Dusapin publie son premier roman Hiver à Sokcho qui obtient de nombreux prix littéraires suisse et français (dont le prix Robert Walser, prix Alpha, et le prix Régine-Defoges).

livre(s) sélectionné(s)

édition 2021-2022

Vladivostok Circus

paru aux éditions Zoé, 176 pages, 2020

La Sibérie juste avant Noël : Nathalie styliste fraîchement diplômée débarque dans un cirque à Vladivostok pour réaliser les costumes d’un trio qui pratique la barre russe ; il se compose d’Anna l’acrobate, d’Anton et de Nino les deux porteurs. Léon, cinquième personnage du roman, assure la sécurité des entraînements en vue d’une grande compétition.

La promiscuité quotidienne entre les Russes et l’Occidentale crée un mélange d’agacement et de solidarité, de difficultés de communication dues à la langue, de non-dits mais aussi d’élans amicaux. Comme souvent chez Elisa Shua Dusapin, les personnages cherchent leur identité. Nathalie se sent cataloguée par les autres et son malaise se traduit par des signes physiques. L’autrice excelle à décrire des détails révélateurs – une plaque de psoriasis sur la nuque de Nathalie, une énorme bosse sur l’épaule d’Anton (trace d’un accident) – autant de caractéristiques corporelles qui en disent aussi long que les mots.

Avec précision et délicatesse, Vladivostok Circus traite du poids que constitue pour chacun.e son passé, sa famille, son parcours et lui oppose la légèreté des acrobates, leur envol et leur acceptation du risque. L’instabilité des personnages disparaît une fois en piste pour faire place à la confiance mutuelle sur laquelle repose la réussite de leur projet. Elisa Shua Dusapin fait du flottement un art.

Geneviève Bridel

édition 2017-2018

Hiver à Sokcho

paru aux éditions Zoé, 144 pages, 2016

Nous connaissons la Normandie, ses vaches, sa lumière grise, ses plages où une guerre a débarqué. Mais qui connaît Sokcho, ses hivers froids et pluvieux imprégnés de l'odeur des poissons, ses plages à 60 kilomètres de la Corée du Nord où la guerre dure depuis tellement longtemps qu'on finit par croire qu'elle n'est plus là alors on construit des hôtels.
C'est pourtant à Sokcho en hiver qu'Elisa Shua Dusapin imagine une rencontre entre ces deux cultures dont elle-même est issue. Dans une pension minable, la jeune narratrice sud-coréenne de père français - elle cherche la France - fait la lessive des pensionnaires, nettoie leurs chambres, prépare les repas : une
cuisine traditionnelle apprise de sa mère : tteokguk, gousses d'ail marinées au vinaigre, gelée de glands, boudin de poulpe, fugu...
Kerrand, un dessinateur de B.D. venu de Normandie, a échoué à la pension - l'a-t-il choisie ? - où il ne touche pas à la nourriture préparée par la narratrice. Il est venu chercher son histoire « toujours, l'histoire que je crée s'éloigne de moi, elle finit par se raconter d'elle-même » et autre chose... une femme inaccessible qu'il tente de capturer par le dessin. Entre la narratrice et Kerrand se tissent des liens subtils où l'encre - du dessin, de la seiche – a son mot à dire. Mais le personnage principal de la bande dessinée est comme son auteur : un voyageur solitaire en quête d'absolu. Le fugu que lui prépare la narratrice avant son départ parviendra-t-il à l'ancrer ?

Anne-Marie Cornu

les inédits

édition 2017-2018

Quand j’avais dix-sept ans

« Quand j’avais dix-sept ans je croyais qu’il fallait tout savoir. J’ai compris que c’était impossible. »

Quand j’avais 17 ans