Jacques-Pierre Amée
Né à Dakar en 1953, suisse, canadien et français, Jacques-Pierre Amée est un nomade. Il vit aujourd’hui dans les montagnes jurassiennes. La francophonie, avec son histoire, ses savoirs, ses remous, demeure son territoire d’élection. Il a vécu dans de nombreux pays et exercé toutes sortes de métiers, mais n’a jamais cessé de se consacrer à l’écriture et a présenté, en tant que peintre ou plasticien, une soixantaine d’expositions.
livre(s) sélectionné(s)
Le Ciel est plein de pierres
paru aux éditions infolio, 208 pages, 2011
« Graham Rouge, photographe animalier, habite seul dans le haut d’un gros village, entre montagne et plaine. Ce qui survient dans son entourage proche, un hiver, en quelques heures, le bouleverse. Malheur, bonheur … » (4ème de couverture).
Enchevêtrement des strates du temps, des souvenirs, des événements et des personnages. Roman profond, rempli de résonances et d’épaisseur, qui reflète tour à tour la plénitude, les frustrations et les deuils. Roman de la poésie, de la vie et de ses malheurs, comme l’annonce son titre par cette métaphore ambiguë et superbe. Rien n’est univoque, « Y a rien de facile » (exergue), mais la vie est poésie, la vie et la poésie se donnent ici la main pour tenter de nous réconcilier avec l’inconciliable, pour tenter de nous faire vivre dans le ciel…
Marianne Dyens
Edition 2009-2010
Le butor étoilé
paru aux éditions infolio, 160 pages, 2008
Le Butor étoilé – l'un des quatre titres publiés cet automne dans la toute nouvelle collection «Littérature» des éditions romandes Infolio – est une singulière errance poétique et métaphysique. Son auteur, le plasticien Jacques-Pierre Amée, réside dans le Jura suisse et se consacre à l'écriture depuis une trentaine d'années, principalement à la poésie. L'action de son premier roman se passe à la Za, hameau menacé de destruction perché sur une falaise, où le narrateur Zach a trouvé refuge. La structure du récit est subtile, qui tourne autour d'un centre obsédant: cette journée et cette soirée de mai, il y a vingt ans, quand Zach, son amie Mina et «la petite» se mirent en quête du butor étoilé. On peut, paraît-il, entendre son cri semblable à un mugissement près des endroits marécageux, avant la tombée de la nuit. Autour de ce pivot, la mémoire de Zach ne cesse de faire des allers-retours, à la manière des cercles concentriques que trace l'oiseau pour se rapprocher de sa proie. Le récit navigue ainsi entre conversations avec Greg, son voisin photographe, incursions dans le passé et retours sur cette quête ratée du butor.
A travers le point de vue de Zach, montagne, village, ciel, humains et animaux émergent dans l'entier de leur mystère, reliés à une dimension plus vaste – celle de l'imaginaire, des émotions et d'un questionnement métaphysique également nourri par les questions de la petite. Sa naïveté est philosophe, et Jacques-Pierre Amée excelle à recréer le rythme, l'esprit et la syntaxe des phrases enfantines. Au final, c'est toute une poétique de la fragilité qu'il esquisse dans ce Butor étoilé , portée par le regard enfantin de la petite mais aussi par celui de Zach. Lui qui a avalé un papillon à sa naissance en garde un vacillement existentiel autant que physique. Sa manière d'être au monde est celle du vagabondage, de l'errance, propices au regard poétique. Elle est magnifiquement traduite par une écriture originale, dont les images inédites font écho à la singularité du propos. Une belle découverte.
Anne Pitteloud in culturactif.ch
les inédits
Mi'kmak
« Je croyais que je n’allais pas vivre bien longtemps. Comment, à cette époque, imaginer que j’écrirai ceci plusieurs décennies plus tard, un beau matin de juillet, en territoire acadien au bord de l’océan ? »