Jean-Jacques Bonvin, sélectionné pour la 7e édition du Roman des Romands

Jean-Jacques Bonvin

Jean-Jacques Bonvin est né en 1951 à Fribourg. Sociologue de formation, il travaille à l’Université de Genève après avoir œuvré un temps pour l’OMS. En 1983, il a créé le Festival de poésie sonore de Genève (qui prendra plus tard le nom de Roaratorio). Il a participé à la création des revues Cavaliers seuls, Jocal et Coaltar. Outre le troisième animal, il est l’auteur de plusieurs romans parmi lesquels Ballast (2011), Larsen (2013) et Tchernoziom (2014) tous chez Allia à Paris.

livre(s) sélectionné(s)

édition 2015-2016

le troisième animal

paru aux éditions d’autre part, 127 p., 2015

Jean-Jacques Bonvin met une écriture précise, brillante, non dépourvue de distance et d'humour, au service d'un récit douloureux, que l'on devine largement autobiographique. Le narrateur évoque ainsi, à la première personne, une enfance inscrite dans un temps, un lieu, un milieu. La scène est à Fribourg, dans les années 50. L'atmosphère de guerre froide s'y alourdit du poids d'un catholicisme noir. Le diable a le visage du communisme, de la menace atomique. Mal dans ses affaires, guetté par l'infarctus, le père retourne dans son Valais natal, en proie aux promoteurs, aux « maquereaux des cimes blanches ». Il emmène sa famille: la mère qui se consume de l'intérieur, l'enfant cerné par les angoisses des adultes.

Ce court roman fait dialoguer intimement petite et grande histoire. De manière singulière. Ce n'est pas ici le grand vent de l'Histoire qui tout emporte, les vies et les destins des hommes. La guerre, devenue froide, s'insinue dans les angoisses privées, inspirant l'inquiétude et la peur. L'air du temps, la politique, pourtant, n'expliquent pas tout du sentiment d'épouvante qui investit l'imaginaire de l'enfant.
Quand le diable cache son visage, le récit se tisse de silences, de non-dits. Comme si le rappel de cette enfance effrayée exigeait pudeur, ironie, drôlerie et cette forme d'élégance littéraire particulièrement maîtrisée qui évite tout pathos et donne au récit son style, sa beauté et sa puissance émotionnelle.

Jean-Michel Meyer

les inédits

édition 2015-2016

Jeep (août 1968)

« Ils étaient nombreux et ils étaient partout, les gardes civils, ils pouvaient cogner pour les raisons les plus diverses, des seins nus sur la plage, un état d’ébriété, un blasphème à haute voix ou l’accent catalan. »

Quand j'avais 17 ans