Julien Bouissoux

Né en 1975, de nationalités suisse et française, Julien Boissoux a vécu successivement à Clermont-Ferrand, Rennes, Paris, Londres, Toronto, Seattle, Budapest, avant de revenir à Paris puis de s’établir en Suisse. Ecrivain et scénariste, il est l’auteur de plusieurs romans publiés au Rouergue, Fruit rouge et La Chute du sac en plastique, et à l’Olivier avec Juste avant la frontière.
Auteur d’une douzaine de scénarios et d’adaptations pour le cinéma, il a notamment signé Les grandes ondes (à l’ouest), co-écrit avec Lionel Baier, qui fut son premier scénario porté à l’écran. Il est, par ailleurs, lauréat du Prix de la Fondation Edouard et Maurice Sandoz (FEMS) pour un projet dont les jurés ont relevé « la qualité du style, ainsi que l’originalité et la liberté de ton de l’extrait soumis à leur attention. En observateur attentif de ce qu’il nomme la tribu humaine, Julien Bouissoux s’abstient de juger notre société mais il entend en explorer certains aspects qui le passionnent, un peu à la façon d’un cinéaste ».

livre(s) sélectionné(s)

édition 2019 – 2020

Janvier

paru aux Éd. de l’Olivier, 176 pages, 2018

« Oublié » lors d’une restructuration de son entreprise, Janvier se retrouve seul au bureau après le départ de ses collègues. Persuadé que son tour viendra malgré son salaire ponctuellement versé, il continue à faire acte de présence, à soigner la plante verte, à trier puis relire les vieux journaux entassés. Il découvre que la course professionnelle lui a fait oublier le monde autour de lui.
Janvier va consacrer ses heures de bureau solitaires à la poésie et une improbable correspondance avec un Chinois dont l’adresse émerge de vieux papiers. Entre l’écriture, des balades et des visites à des agences de voyage, il lâche progressivement prise.

Le héros de Bouissoux évoque le Bartleby de Melville. Même réflexion métaphysique sur fond de loufoquerie douce. « Les désirs sont comme des trains. On peut les prendre, ou les regarder passer. Les prendre c’est se retrouver embarqué vers un ailleurs pas forcément souhaitable, les regarder passer, c’est se permettre de rêver un peu en préservant un équilibre que tout, déjà, menace. » L’auteur, Auvergnat établi à Berne, nous parle de décroissance sans la nommer.

Geneviève Bridel

édition 2015-2016

Une autre vie parfaite

paru aux éditions L’Age d’Homme, 112 p., 2015

L'ouvrage est un recueil de nouvelles écrites par un Auvergnat établi en Suisse. L'exergue éclaire le projet de l'auteur « Two roads diverged in a yellow wood, and sorry I could not travel both. » : les personnages des récits sont tous saisis à un croisement de leur vie dans un bois jaune, et désolé, ils ne peuvent suivre les deux chemins qui se présentent.
Dans La tombe de Patrick Roy, le narrateur (je), un type désabusé qui a misé sur l'argent et n'a, du coup, que sa bagnole et son fusil, revient sur les lieux de son enfance. C'est lui qui a planté l'allée qui mène au stade. Il le dit tout de suite : « Peut-être aurais-je dû être jardinier ». Il rencontre trois ado désoeuvrés, commence par tirer dans le but puis montre aux jeunes son fusil. Les gosses tirent à tour de rôle, sur l'ennui, sur le vide... « Leur vie sera un peu plus compliquée qu'ils ne l'avaient imaginé. » Mais il y a Patrick Roy.
Dans Janvier, un homme a été oublié malgré ou à cause du réseau informatique. Il reçoit son salaire, les factures sont réglées mais lui n'a pas de tâche à accomplir ! Il est dans un vide social terrifiant. Mais il y a un guzmania et la poésie. « Je trouve intéressant de fixer la plante verte. C'est comme les nuages. Quand on regarde longtemps. On voit des choses. Qui n'y sont pas
Un Homme à la mer veut Vivre, éprouver quelque chose, des sensations, les vagues, la mer. Robert Lamoureux est mort raconte un père de famille dépassé, qui s'éclate en se faisant « tuer » par des gamins de 11 ans par jeux vidéos interposés.
Vandrisse, un Valet parking, gare les voitures des riches : une vie absurde, un boulot absurde, pas de rêves. Mais il reste une voiture que personne n'est venu chercher.
Un couple s'est perdu, non-dits, conventions sociales, l'impasse. Lui se dit plein de choses mais c'est elle qui prend l'initiative : Faut qu'on discute.
Ma prunelle, une femme est amoureuse d'une « vedette », un garçon qu'elle a connu sur les bancs de l'école et avec qui « elle l'a fait ».
Une vie, un désert, une ville, des combats complètement virtuels. Et un « frère » dont on ne sait plus au juste s'il appartient au réel ou à l'imaginaire (Port Arica).
Un père meurt, son fils hérite de sa maison... tout remonte à la surface : la relation père/fils, toujours insatisfaisante, et ce désir inexplicable de garder une maison où l'on n'a pas que de bons souvenirs...
Pourquoi faut-il lire Bouissoux ? Parce qu'il sait voir et raconter les humains et leurs mondes, leurs folies, leurs mémoires. Les mots et les histoires sont d'aujourd'hui mais les thèmes sont de toujours.

Anne-Marie Cornu

les inédits

édition 2015-2016

Mineur / Majeur

« C’est derrière ces volets ternis, dont on pourrait sans doute gratter le plastique usé avec l’ongle, que porté par les hasards et cette vie, j’ai passé l’année de ma majorité. De cette période, je ne me souviens de presque rien. »

Quand j'avais 17 ans