Olivier Pitteloud

Valaisan d’origine, Olivier Pitteloud vit et enseigne dans le canton de Fribourg. Il a publié deux romans, aux éditions L’Âge d’Homme : Dans l’ombre de l’absente (2016) et Après la colonie (2019). L’intrigue de chacun d’eux se passe dans un petit village de montagne où s’est produit un drame. Ce sont les répercussions de ces drames que ces romans explorent. Il publie également des nouvelles dans la revue L’Epître et anime des ateliers d’écriture.

livre(s) sélectionné(s)

édition 2020 – 2021

Après la colonie

paru aux éditions l’Âge d’Homme, 2019, 240 pages

Il s’est passé, là haut, quelque chose. À la colonie, « les gosses des gros de la plaine » montaient pour l’été. Soudain ils ne sont plus venus et la colonie a fermé. Dans la montagne, c’est la grande peur.

Oui, le deuxième roman d’Olivier Pitteloud a bien quelque chose de ramuzien. Un décor alpin posé au seuil de la modernité. Un climat d’âpreté. Une prose teintée d’oralité, mariant lyrisme et rugosité pour dire un monde fermé sur lui-même, adossé aux éléments et voué au tragique.

Au triptyque de son précédent roman, l’écrivain fribourgeois préfère ici une structure en cinq tableaux qui sont autant de points de vue finement enchâssés dans une narration elliptique fort bien construite. L’avant et l’après se juxtaposent habilement, tandis que se cristallise l’opposition entre la figure de l’étranger et la communauté, ce « on » indéfini qu'unit un silence poisseux.

Comme le suggère le titre du roman, le drame, vite élucidé, n’en est pas le véritable centre de gravité ; tout tient dans l'atmosphère confinée qui, suggérée par cette langue prosodique et comme infusée de sombre onirisme, nimbe le village par-delà les générations. Car « on ne veut plus des vieilles histoires, mais on sent bien que ça n’est pas si simple »… Un texte au souffle noir et puissant.

Thierry Raboud

les inédits

édition 2020 – 2021

J’ai dix-sept ans.

J’ai les bras trop longs, les lèvres trop épaisses, le dos voûté, la mèche incoiffable, je mastique à la cafétéria, je mastique au take-away, même goût dans la bouche.

Quand j'avais dix-sept ans