Sylviane Chatelain

Romancière et nouvelliste (St-Imier, 1950), Sylviane Chatelain réside à St-Imier.
Elle est mère de quatre enfants. Elle a obtenu, en 1984, le premier prix du concours littéraire organisé par l’atelier d’écriture du Soleil à Saignelégier (texte publié dans « La montagne aux vingt miroirs »). Elle a publié son premier recueil de nouvelles, Les Routes blanches, en 1986.
Son premier roman, La Part d’ombre (1988), s’est vu décerner le Prix Hermann-Ganz 1989 de la Société Suisse des Ecrivains, et le Prix 1989 de la Commission de littérature française du Canton de Berne (traduit en allemand (1991) : Schattenteil, paru en feuilleton littéraire dans la Neue Zürcher Zeitung). Son deuxième recueil de nouvelles, De l’autre côté (1990), a obtenu le Prix Schiller 1991. Un deuxième roman, Le Manuscrit (1993 ; traduit en allemand : Das Manuskript, 1998), a été salué par la Critique. Son dernier recueil de nouvelles, L’Etrangère (2000) a encore élargi l’audience de cette auteure de plus en plus considérée pour la cohérence et la haute qualité de son travail littéraire. Un nouveau roman, Le Livre d’Aimée, est paru en septembre 2002 et a reçu le prix BPT 2003, ainsi que le prix 2004 de la Commission de littérature de langue française du canton de Berne. Une main sur votre épaule, est paru en 2005 et a permis à Sylviane Chatelain d’être lauréate Lettres-Frontières 2006. Son dernier livre, Dans un instant, est paru en 2010 et a été sélectionné dans la course pour le Roman des Romands.
En 2013, Sylviane Chatelain a été distinguée par le Prix des arts, des lettres et des sciences du Conseil du Jura bernois (CJB).

Tiré de son site personnel

livre(s) sélectionné(s)

édition 2019 – 2020

Déchirures

paru chez Bernard Campiche Éditeur, 256 pages, 2018

« Déchirures ». Un titre qui évoque la faille, plurielle, commune aux six nouvelles formant le recueil de Sylviane Chatelain. Quand le voile du réel se déchire, quand l’incertitude, l’étrangeté, voire le malaise se profilent, une ouverture vers le fantastique est possible. Les personnages sont déstabilisés, comme l’est le lecteur : changements de points de vue, variations dans les focalisations… à moins que non ? Hésitation, aussi, relative au genre, puisque le premier texte pourrait bien emprunter au roman autant qu’à la nouvelle.

Ce qui est sûr, en revanche, c’est la puissance de l’évocation des paysages, conçus comme brèche ou prison. Les espaces clos ne sont pas en reste. En effet, l’un des points communs de ces nouvelles est la thématique de l’enfermement, concret ou plus subtil, auquel sont soumises les héroïnes : dans la nature, donc, mais aussi dans la pièce d’une maison ou d’un appartement, dans un tableau. Une évasion est-elle envisageable ? Par l’imagination, peut-être, quand elle n’oppresse ni n’embrume les protagonistes.

Une mère et son enfant emménagent dans un nouvel immeuble. Une voisine semble les épier. Elle s’installe petit à petit dans leur vie, malgré le malaise immédiat qu’elle suscite chez la mère.
Une femme aide une de ses amies dans ses préparatifs pour son déménagement. Inlassablement, elle enlève des livres des rayonnages d’une bibliothèque. Les cartons ne se remplissent pas davantage que la bibliothèque ne se vide.
Fascinée par un tableau, une autre se rend au musée et est comme happée par la toile en question, tout en faisant la rencontre de son double.
Une autre encore cherche son chemin et la personne qui doit l’attendre dans un paysage de montagne couvert par la brume.
Tandis qu’un homme se meurt, obsédé par un rêve dans lequel il suit un chien, sa compagne se laisse absorber par ce songe.
Enfin, une égarée prise dans une tempête de neige cherche son chemin. Son objectif ? Retrouver sa maison, un enfant ? Quitter une maison, s’éloigner, traverser la rivière. Trouver la faille, l’élargir pour se ménager un passage.

Ludivine Jaquiery

Edition 2010-2011

Dans un instant

paru chez Bernard Campiche Editeur, 200 pages, 2010

La prose somptueuse de l’auteure jurassienne, née en 1950, sert à merveille ses nouvelles, souvent empreintes de mystère. Une étrange douceur enrobe les personnages dans leurs destins, entre résignation et désir de fuite. Tout comme dans son envoûtant roman précédent, Le Livre d’Aimée (2002), Sylviane Chatelain aime dessiner des situations à haute teneur métaphorique, en jouant savamment sur le registre du métadiscours. Dans un instant s’ouvre ainsi sur une nouvelle («Les Géraniums roses») qui présente à la fois l’histoire bizarre du vol d’un pot de fleurs et la façon par laquelle cette aventure émerge et se développe dans l’imagination de l’auteure. Tantôt mémorielles («Mes deux côtés», «Une voiture de rêve»), tantôt troublantes et kafkaïennes («L’Autre ville»), ces nouvelles trouvent leur point d’orgue dans la sublime métaphore portée par « Le Livre »: les pages mouillées par la pluie d’un volume retrouvé tout près de barbelés par un homme désespéré rappellent douloureusement que la littérature n’est qu’une trêve parmi les horreurs de l’Histoire.

Pierre Lepori, www.viceversalitterature.ch

les inédits

Edition 2010-2011

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« Je passais mes journées à l’École des Beaux-Arts. Je dessinais, je peignais. Mes camarades parlaient de Dylan et de Joan Baez, de Mao, de la nécessité de la révolution... »

Quand j'avais 17 ans