Jean-François Haas
De nationalité suisse, Jean-François Haas est enseignant. Né en 1952, il a fait ses études au Collège de Saint-Maurice et à l’Université de Fribourg où il a suivi les cours de Jean Roudaut. Il vit à Courtaman.
Ses trois premiers romans, publiés au Seuil, Dans la gueule de la baleine guerre, J’ai avancé comme la nuit vient et Le Chemin sauvage, ont été couronnés de plusieurs prix littéraires et chaleureusement accueillis.
livre(s) sélectionné(s)
Panthère noire dans un jardin
paru aux éditions du Seuil, 288 pages, 2015
Souffrant d’un cancer des poumons provoqué par les fibres d’amiante qu’il a inhalées dans son enfance, Paul Bergwald sent sa fin approcher. Si son frère aîné, Jacques, a été épargné par la maladie, un accident survenu à sa naissance l’a rendu simple d’esprit. Alors que Paul a veillé sur lui toute sa vie, la tendance s’inversera bientôt et Jacques s’emploiera à protéger son frère, contre l’hostilité de certains, mais aussi, et peut-être surtout, contre lui-même.
Le jour où Maudruz, un commerçant sans scrupules, est retrouvé mort dans une vieille étable, le commissaire Favre, ami de longue date de la famille Bergwald, ne peut s’empêcher de soupçonner Paul ; en effet, il lui arrive de ne plus le reconnaître, tant sa colère, alimentée par un sens aigu de la justice, se fait sourde depuis quelques temps…
Oscillant entre les points de vue de différents personnages, ce roman à l’écriture puissante et inventive frappe par son traitement de la révolte. Jean-François Haas frôle parfois le pamphlet, et s’il emprunte également certains traits au polar, il ne s’installe jamais dans un genre unique. S’inscrivant dans le cadre familier de la ruralité suisse romande mais touchant aussi à l’universel par les thèmes qu’il aborde (la quête de la vérité, la fraternité, la justice, l’enfance), Panthère noire dans un jardin ne prétend pas donner de leçon ; au contraire, il ouvre des pistes et laisse plusieurs questions en suspens, à commencer par celle de ce mystérieux félin, dont l’ombre plane sur l’ensemble du récit.
Eva Baehler
Le chemin sauvage
paru aux éditions du Seuil, 328 pages, 2012
Après deux romans exigeants, cette merveille de limpidité et d’émotion.
Jean-François Haas reste un écrivain de style, mais il a épuré sa plume pour ce poignant Chemin sauvage qui puise dans les paysages de son enfance : un village fribourgeois des années 1960, où des ouvriers italiens, venus travailler sur le chantier voisin, rencontrent méfiance et incompréhension. Le narrateur, 12 ans, s’attache à Myriam, camarade de classe recueillie dans un orphelinat, puis misée, c’est-à-dire adoptée après enchères, par une famille paysanne. Elle subit des attouchements, avant de disparaître.
Jean-François Haas mêle ce drame fictif à une observation pertinente de cette communauté recluse sur elle-même, embourbée dans les non-dits, anesthésiée par le poids du silence. Aucun pathos, mais une justesse de ton épatante, de bout en bout.
Eric Bulliard
les inédits
L'été 1969
« Objectif : Cologne. Te voici dans cette Allemagne dont tu découvres les écrivains au Collège et qui a vu se déchaîner, y compris chez ses intellectuels, une violence contre l’homme qui fait vaciller ta confiance en l’être humain. »
Ma pratique de la lecture
« Les livres me donnaient les mots et les phrases pour prendre ma place dans la réalité autour de moi. »